
Autrefois, le lac
était chose sérieuse, qui servait
au transport des marchandises et des gens.
L'ère des loisirs arrivée, le
lac a abandonné les barques à
voiles latines pour accueillir les voiliers
et les bateaux de plaisance...

Au
fil du temps...
Situé
dans les Franchises de Genève,
le territoire des Eaux-Vives, progressivement
conquis sur les marais, formait à la
fin du moyen-age un faubourg de la ville,
le faubourg du Temple. Rasé dans les
années 1530-1540, il ne se reconstitua
que très lentement après la
fin des guerres entre Genève et la
Savoie en 1603.

A
la fin du XIX siècle, la commune
englobait Grange-Canal et Malagnou et fut
dotée d'équipements collectifs
(Mairie, écoles, églises, marché...)
ainsi que du premier grand port hors-les-murs
de le port de la Scie. Le quai des Eaux-Vives
portait à l'époque le nom de
quai marchand. On y déchargeait les
barques servant au transport des pierres de
Meillerie, utilisées pour construire
Genève. La démolition des fortifications,
après 1850, précipita l'urbanisation
des Eaux-Vives. Densifié après
la construction des quais, le quartier des
Eaux-Vives comporte aujourd'hui un réseau
serré de petites rues.

Schématiquement,
on peut diactuellement le quartier
en trois parties : des immeubles de haut standing,
datant du début du siècle dernier,
le long du quai Gustave-Ador; le coeur du
quartier, plus populaire, développé
par la création du port de la Scie
et modernisé entre 1875 et 1914, autour
des axes formés par la rue des Eaux-Vives
et la rue de Montchoisy; un périmètre
plus résidentiel, créé
à partir de 1927, sur la route de frontenex
et au-delà. L'acquisition par la ville,
au début du XX siècle, des deux
parcs de la Grange et des Eaux-Vives, stoppa
l'expansion urbaine du quartier. On distingue
encore, avant les parcs, autour de la rue
Sillem, les vestiges des faubourgs qui rappellent
lavocation industrielle et artisanale des
Eaux-Vives. Aujourd'hui, les échoppes
d'artisans ont été remplacées
par des magasins, mais le quartier conserve
une très grande variété
de commerces.

Le
saviez-vous ?
Au
XIV siècle, la
région était encore appelée
Palluays (du latin palus, marécage).
Puis, ses sources abondantes et nombreuses,
captées pour alimenter les fontaines
du faubourg et des Rues-Basses, lui valurent
le nom d' "Aygues vives", Eaux-Vives.
Il
y a à peine plus de 70 ans,
les Eaux-Vives étaient encore une commune
indépendante. Créée par
l'administration française sous l'occupation
(1798), elle ne fut rattachée à
la ville de Genève qu'en 1930, lors
de la votation sur la "Grande Genève",
qui entérina la fusion des communes
de Genève, de plainpalais, des Eaux-Vives
et du Petit-Saconnex.
Les
Pierres du Niton, qui
s'élèvent au large du port des
Eaux-Vives, pourraient avoir été
un lieu de culte au cours de la préhistoire
: deux haches de l'âge du Bronze ont
été découvertes en 1660
au pied de la plus grande d'entre elles et,
en faisant remonter l'étymologie de
Neptune à "Neith" ou "Neyton",
certains soutiennent l'hypothèse d'un
dépôt d'offrandes au dieu des
eaux. Plus près de nous, cette pierre
fut utilisée dès 1820 pour fixer
le niveau moyen des eaux du Léman.
Un
paysage célèbre
depuis le XV siècle : le rivage des
Eaux-Vives figure dans "La Pêche
miraculeuse", scène d'un retable
exécuté en 1444 par Conrad Witz.
Il fait donc partie de l'une des premières
vues topographiques de l'histoire de la peinture
européenne.
Avant
la construction
du pont du Mont-Blanc en 1862, pour
passer des Eaux-Vives aux Pâquis,
il fallait emprunter le bateau-manège
: une sorte de grande plateforme flottante,
sur laquelle des chevaux tournaient en rond
pour entrainer un axe vertical qui actionnait
des roues à aubes. Lent et bruyant,
il disparut en 1928, puis fut remplacé
par les Mouches et enfin les Mouettes, navettes
longtemps blanches et qui arborent aujourd'hui
les couleurs de Genève : jaune et rouge.
Des
archers au Pré-l’Evêque
: jusqu’en
1895, le triangle de bitume actuel fut un
vrai pré, avec de l’herbe et
des arbres. On y pratiquait le tir à
l’arc depuis le Moyen-Age. On y exposait
aussi les corps des individus exécutés
à Genève. Pré et local
des archers durent céder la place pour
permettre à la rue Pictet-de-Rochemont
de rejoindre la toute nouvelle gare.
140
mètres par temps calme:
le jet d’eau, symbole de Genève
et ornement le plus célèbre
des Eaux-Vives, fut d’abord aménagé
pour des raisons pratiques. Situé à
la Coulouvrenière, il servait de soupape
de sécurité au bâtiment
des Forces motrices. Transformé en
colonne lumineuse, il fut déplacé
dans la rade en 1891, pour le 600e anniversaire
de la Confédération.
Un
luna-parc aux Eaux-Vives
: entre 1898 et 1913, le parc des Eaux-Vives
fut transformé en parc d’attraction;
avec théâtre, toboggan, piste
vélocipédique, démonstrations
aéronautiques, automobile-club, ménagerie,
auberges et autres divertissements. On put
même un temps y emprunter un chemin
de fer miniature, inauguré en juin
1912.
Une
source de revenus…
vite tarie : sources, rus, nants, l’eau
bruissait autrefois partout aux Eaux-Vives.
La dernière source, encore visible
au bas du Parc, faillit être commercialisée
en 1913 sous le nom de source Marcis, pour
ses qualités thérapeutiques.
Hélas, juste avant la mise en bouteille,
la première analyse révéla
que les microbes y pullulaient.

Quelques
dates:
1814,
une énorme affluence se presse au Port
Noir pour accueillir les troupes suisses.
1836-38, construction du
port de la Scie, qui disparaîtra en
1858.
1852, construction de l’hôtel
Métropole.
1863, construction de la
Salle de la Réformation.
1888, découverte des
restes d’une villa romaine en haut du
parc de la Grange.
1907, édification
de la Mairie des Eaux-Vives.
1913, la commune rachète
le parc des Eaux-Vives après la faillite
du Luna Park.
1918, William Favre lègue
à la Ville de Genève son domaine
du parc de la Grange pour en faire un parc
public.
1920, le 15 novembre, première
assemblée de la Société
des Nations, à la Salle de la Réformation.
1956, le 22 février
il fait moins 25 degrés, la rade se
transforme en banquise.
1969, le tram 1, la ceinture, est
remplacé par une ligne de bus.
1976, remise à flot
de la Neptune, dernière survivante
des anciennes barques à voiles latines.
1977, la cheminée,
dernier vestige de l’usine Caran d’Ache,
est dynamitée place Jargonnant.
1980, un incendie détruit
les dernières constructions de bois
de l’Exposition nationale de 1896,
entre les rues Sillem et Montchoisy.

Pour
en savoir plus :
Marcel Granger, Eaux-Vives, quartier de mémoire,
Editions Cabédita. Armand Brulhart
et Erika Deuber, Arts et monuments de Genève,
publié par la Société
d’histoire de l’art en Suisse.
Genève, passé et présent
sous le même angle, photos Nicolas Crispini,
texte Jean-Claude Mayor.
Webmaster - Miguel
Février 09, 2006
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